A quoi sert l’art, dans notre monde constamment bouleversé ? L’art divertit, oui, mais il fait bien plus : c’est sans doute le seul espace où les émotions sous toutes leurs formes, y compris la douleur et les peurs, peuvent à la fois s’exprimer et être transformées, par la beauté.

Deux compositeurs majeurs incarnent puissamment cette idée : Jean-Sébastien Bach, notamment dans son fameux « Actus tragicus », où la musique opère une véritable transfiguration de la peur de la mort, et Félix Mendelssohn, dans ses impressionnants Psaumes a cappella.

On associe souvent ces 2 compositeurs pour des raisons historiques et musicologiques, étant donné la dévotion et la filiation musicale qui lient Mendelssohn à Bach. Ici, le programme se penche sur leurs liens plus profonds, philosophiques et spirituels : ce n’est pas une simple juxtaposition de pièces mais un tissage d’extraits de cantates, de grands motets a cappella et de pièces d’orgue, qui forme une véritable conversation entre Bach et Mendelssohn, à 100 ans de distance. Chacun dans son époque, avec son langage et son attachement spirituel, ils se penchent sur le même sujet — le sens de la vie et son issue inévitable — en explorant les mêmes textes : des psaumes ou leurs méditations qui disent, chantent ou crient toutes nos émotions humaines, toujours très actuelles. Ainsi, leurs œuvres illustrent de façon saisissante les moments de souffrance que nous vivons tous ; puis, suivant le chemin inscrit dans les psaumes et leur méditation, elles ouvrent une porte lumineuse vers un au-delà, un lieu d’exploration nouveau pour l’imaginaire et la spiritualité de chacun. Les œuvres pour orgue seul complètent ce chemin vers l’indicible.

Je suis intéressé par le programme

Olyrix, Olivier Delaunay, 21 juillet 2025
« D’autant plus que le choix a été fait de proposer presque exclusivement les passages choraux de ces œuvres. Ainsi, les cantates Christ lag in Todesbanden (Le Christ gisait dans les liens de la mort) ou Nun komm der Heiden Heiland (Viens maintenant, Sauveur des païens) sont présentées en miscellanées, permettant tantôt à Emmeran Rollin, le plus souvent accompagnateur de l’ensemble, de faire entendre sa dextérité et la clarté de ses transcriptions, tantôt au chœur de La Sportelle de montrer l’étendue de son savoir-faire. »

« Avec sa répartition à deux par voix au maximum, l’ensemble vocal troque la puissance de la masse contre la souplesse et la précision de l’interprétation. Dans cet espace sonore plus réduit, chaque entrée de pupitre est un grand événement, bien aidé par la force des consonnes et les qualités d’écoute de ces chanteurs qui se trouvent ainsi individuellement responsables de leurs parties dans l’ensemble. […] La musique apparaît ainsi dans toute sa vérité, sans artifice. »